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25 mars 2025 - Temps de lecture : 4 min
S’il y a bien un accessoire qui incarne l’esprit français dans le monde entier, c’est le béret fabriqué en France. Mais derrière sa forme ronde et sa laine feutrée se cache une question que l’on se pose souvent, en particulier dans le sud-ouest : le béret est-il basque ou béarnais ?
À la croisée des vallées pyrénéennes et des ports de l’Atlantique, son histoire mêle bergers, marins, empereur mal renseigné et traditions locales. Une chose est sûre : le béret est plus qu’un simple couvre-chef. C’est un morceau d’histoire, une identité portée au quotidien.
Le béret puise ses racines dans les vallées béarnaises. Dès le Moyen Âge, les bergers des vallées d’Aspe et d’Ossau tricotent des couvre-chefs pour se protéger du froid, du vent et de la pluie. Ils s’inspirent probablement des capelines portées par les soldats romains, adaptées aux ressources locales.
La laine des brebis pyrénéennes, foulée naturellement par l’usage, révèle des qualités exceptionnelles : douce, résistante, imperméable. Très vite, ce béret rustique se répand dans les vallées voisines : Pays basque, Gascogne, Landes...
Des sculptures du XIIIe siècle à Bellocq, en Béarn, témoignent déjà de sa présence. C’est un objet de vie, porté au travail comme à la maison, dans les champs comme à la ville.
C’est au XIXe siècle que tout change. En 1854, Napoléon III séjourne à Biarritz. En voyant les habitants coiffés de bérets rouges, il les croit inventeurs de cette coiffe. Il parle alors de “béret basque”. Les journalistes reprennent l’expression… sans la corriger. Le nom s’impose dans le langage courant, et traverse les frontières.
En réalité, les marins basques ont largement contribué à diffuser le béret, jusqu’en Espagne et en Amérique, grâce à leurs voyages. Porté dans les fêtes, les danses, les campagnes, le béret devient rapidement un repère visuel du sud-ouest.
Mais sur le plan de la fabrication, c’est toujours le Béarn qui reste le cœur battant du béret français.
C’est à Oloron-Sainte-Marie, au pied des Pyrénées, que naît l’industrie du béret au XIXe siècle. Grâce à sa position entre vallées de transhumance et rivières, la ville devient un carrefour du textile. Des fabriques artisanales y voient le jour, puis se professionnalisent.
Aujourd’hui encore, Laulhère, fondée en 1840, y perpétue ce savoir-faire. C’est la dernière fabrique à produire des bérets 100 % français, dans le respect de chaque étape : tricotage, teinture, foulonnage, garnissage… Un travail d’orfèvre pour un objet du quotidien.
Béarnais par ses origines, qualifié de basque par usage, le béret est aujourd’hui un symbole de toute une région, et même de la France entière.
Porté par les militaires, adopté par les ouvriers, les artistes, les enfants, il traverse les époques et les milieux. Noir, rouge, bleu, il se décline au fil des modes et des saisons, tout en conservant son âme.
Ce débat affectueux entre Béarn et Pays basque est, au fond, le reflet d’une identité partagée. Le béret ne divise pas, il rassemble.
Historiquement, il est béarnais. Culturellement, il est basque. Symboliquement, il est français. Et plus que tout, il est pyrénéen.
Ce petit cercle de laine incarne une histoire profonde, des savoirs simples et des territoires fiers. Il ne choisit pas de camp : il traverse les têtes et les époques avec la même discrétion, la même force tranquille.